Nous ne bouderons pas le formidable essor que connaît l’agriculture biologique. C’est toujours ça de repris aux responsables de la ruine de nos sols, cette invisible extinction de milliers d’espèces de microorganismes à défaut desquels nous n’aurions pas grand–chose à nous mettre sous la dent. Longtemps et encore tenus en laisse par le lobby de l’agrochimie, les politiques sont bien obligés d’entendre la sonnette d’alarme du corps scientifique : Le constat est sans appel. La disparition en masse de la base de notre chaîne alimentaire menace directement son sommet : l’Homme. Produire peut–être moins, mais indiscutablement mieux, tel est le challenge en cours pour le monde paysan.
Mais « mieux », ça veut dire quoi ? Le label AB (agriculture biologique) est délivré sous condition de respect d’un cahier des charges. Il garantit l’absence d’emploi de pesticides de synthèse, ce qui ne veut pas dire que le produit final n’en contienne pas (obligation de moyens, pas de résultat). Un
champ de poireaux bio situé en bordure d’un axe routier, sous le vent d’une industrie polluante et voisin d’un agriculteur cultivant des OGM produira des poireaux certifiés bio. Si ces poireaux sont cultivés aux Pays–Bas et commercialisés à Nice, ils auront en outre parcouru plus de 1000km sur
autoroute, avec force énergie fossile.
Ces mêmes poireaux que nous cultivons dans nos terres du Brionnais, en bordure de prés et de bois, et consommons sitôt leur achat sur le marché de producteurs du coin, n’ont pas la même composition biochimique et leur bilan carbone est nettement moindre car ils n’ont pas « voyagé ».
Que dire alors des concombres bio sous film plastique produits au Sénégal dans de gigantesques serres, lesquelles sont irriguées sans mesure avec l’eau du fleuve ? Ce légume que l’on trouve en plein hiver dans les grandes surfaces est labellisé « AB », pourtant, quel rapport avec le concombre produit en été et en plein air dans notre jardin, consommé une heure après sa cueillette, accompagné d’une feuille de persil et d’un brin de ciboulette ?
Alors si l’on considère un plat cuisiné bio contenant des ingrédients venus des 4 coins de la planète, ensaché sous vide avec cartonette en quadricolor, là on explose le compteur carbone…
Espagne, Pays–Bas, Turquie, Israël, Chili, Nouvelle–Zélande… toujours plus loin, à contre saison… et même par avion ! Nous le voyons, la qualité d’un produit alimentaire ne dépend pas uniquement de son label, aussi sérieux soit–il. Si nous voulons diminuer notre empreinte écologique, consommer bio, certes, mais le plus local possible, c’est pas mal aussi. Alors martsi beaucoup aux organisateurs de petits marchés paysans… et à ceux qui les fréquentent!
Propositions à suivre:
- De saison ? … de raison !
- Into the wild : mettez du sauvage dans votre assiette !
- Salades : dites le avec des fleurs
- To be or not too beef… tous vegans ?