Ron… ron…ron…
« Fini l’esclavage. Dans nos campagnes, plus d’animaux : pas plus de vaches que de moutons, de veaux que de chevaux s’égayant dans les prés… D’ailleurs, plus de prés. Fini les cages, adieu bocage. Fini le pissenlit, la mauve et l’achillée, l’odeur de la flouve à l’heure des foins, même plus de foin… Des champs, que des champs, encore des champs… et des alignements d’arbres signant l’avènement de l’agroforesterie. De rares abeilles ont le bourdon, encore les guêpes sur les fruits, les mouches dépriment. En se rapprochant du corps de ferme règne un silence d’un genre nouveau : fini le chant du coq, fini le cot–cot–codec accueillant l’œuf, ni de pigeon ni de dindon, ni de chat, ni de chien, finis câlins. Plus de canards dans la mare, même plus de mare : on l’a remplacée par une citerne, l’eau reste propre et sans moustiques. Plus d’étable ni de bergerie, plus de fumier, ni de son odeur, ni de son tas : bon débarras ! Fini le beurre sur ma tartine ?… euh… un p’tit morceau de Comté, une part de camemb… AÏE !!... scusez moi, j’ai rien dit… Que des pâtes, oui, mais sans les œufs, c’est fâcheux ; La choucroute, oui, mais dégarnie, ô monotonie. Ma salade est fade… Un si riche pan de ma vie a disparu : Le peu d’animaux restant « au titre de la biodiversité » a été remis à l’état sauvage. Lâchés dans des parcs établis sur les versants accidentés des massifs, ils ont vite été décimés par la rude loi de la jungle à laquelle, hormis quelques chevaux et autres chèvres naines, ils n’étaient plus adaptés depuis bientôt 100 siècles… »
… la vache, quel réveil ! Cloué sur le lit par cette canicule, le temps d’une sieste trop longue, j’émerge tout dégoulinant d’un bien triste songe où j’ai vraiment ressenti le blues… de la bouse ! Bon, c’est l’heure de la traite… Ouf, l’ai échappé bêêlle : encore un peu de répit… et vendredi, c’est le Martsi !